Subaru SVX Alcyone (1991 - 1997)

13/10/2012 22:00

 

 

PREAMBULE INTEGRAL

Avec la SVX, qui succédait à la XT, Subaru pénétrait dans le segment des véhicules GT luxueux. A la fois voiture de sport et de luxe, son concept original de glaces circulaires lui conférait une identité à part, au même titre que son moteur boxer 6-cylindres combiné à la traction intégrale permanente...

 

Texte: Jérôme MATTEUDI

Si l'on associe les mots Subaru et sportive, vous obtiendrez une réponse unanime et sans surprise : Impreza !!! Si la quasi légendaire mini WRC de route a en effet tellement porté le blason de sa marque que les propriétaires se contentent souvent de dire qu'ils roulent en Subaru plutôt qu'en Impreza, on oublierait qu'un an seulement avant elle, Subaru fesait ses premiers pas dans le monde de la voiture de caractère avec un grand coupé quatre places. Le coupé SVX (Alcyone au Japon), apparu en 1991 en remplacement du coupé XT, concentre tout le savoir-faire de la maison japonaise autour de son "gros" 6 cylindres à plat. Rareté totale dans le paysage automobile français, la SVX n'est connue que par une poignée de gens l'ayant bien souvent cotoyée qu'au travers du premier Gran Turismo sur Playstation 1. Pour les autres, difficile d'attribuer une marque à cet ovni sur roue qui a échappé au Bio Design, ou de savoir de quoi il en retourne. Pourtant cette inconnue est passée très près du Grand Chelem par ses qualités.

DESIGN
Déjà à l’époque, croiser une SVX c'était se poser irrémédiablement les même questions concernent sa ligne. Sa ligne est-elle américaine ? Japonaise ? Ah non peut être Coréenne ! En fait, la SVX était bien plus européenne qu'on ne l'imaginerait puisque son dessin est signé de Giorgetto Giugiaro lui-même pour Ital Design. L'Alcyone SVX fait donc sa première apparition sous la forme d'un concept car au salon de Tokyo 1989. Les lignes sont dans la continuité des précédents travaux de Giugiaro, les Ford Maya et Oldsmobile Inca. Le concept est même animé de 4 roues directrices, solution qui ne sera pas retenue. Pour le reste, hormis les phares escamotables jugés démodés et incompatibles avec les futures normes US, la ligne générale du modèle de série restera très proche du projet initial d'Ital Design. La SVX est-elle belle pour autant qu'elle soit latine ? Ah, elle est un peu vulgaire quand même, et son arrière là c’est pas très harmonieux... En fait la SVX n’a rien d’un top model c’est un fait, nous somme très loin des lignes dynamiques et élégantes d’une BMW M3 e36 ou des rondeurs suggestives d’une Porsche 968, les coupés hautes performances de référence à l'époque. Non, la SVX est traitée nerveusement mais avec fluidité et se dévoile à mesure que l’on se dirige vers la poupe, car si la face avant est d’une banalité affligeante on parcoure ensuite la voiture en y trouvant un pare brise très incliné, et un toit légèrement bombé qui fuit ensuite dans une découpe arrière tout à fait originale, puis se coupe subitement sur un arrière abrupt souligné sur toute la largeur de caisse par un bandeau rouge en plastqiue translucide, bien de son époque. Le travail aérodynamique soigné a abouti sur une ligne fluide dont le Cx est de 0.29. La rupture stylistique avec la très cubique Subaru XT est totale. Passez sur le côté et vous serez étonné par la découpe des vitres latérales à nulles autres pareilles, qui descendent de manière partielle. Que l’on aime ou pas, la Subaru SVX ne s’est pas contentée de vouloir faire comme tout le monde en reprenant les recettes à succès de l’époque. Elle ne laisse pas indifférent et au moins ne se fond pas dans la circulation, certes pas très harmonieusement, à la manière de l’excellente mais discrète Audi S2 par exemple.

HABITACLE
Le design intérieur est à l’image de l’extérieur, avec une certaine opulence au travers du cuir épais et de l’alcantara, du clinquant avec un faux bois aussi peu précieux que hideux, et un aspect général massif avec une colonne centrale épaisse qui n’est pas sans rappeler un peu les Saab, de gros aérateurs latéraux que la Peugeot 405 phase 1 n’aurait pas renié (malheuresement…) et de bon gros compteurs classiques qui sentent les USA (personnellement j’y aurais bien vu un compteur électronique qui aurait été bien en phase avec la ligne). Bref, ça n'est pas très mémorable mais la position de conduite est assez bonne, le siège conducteur bénéficiant de multiples réglages électriques. En revanche, côté passager, il ne s'escamote même pas pour permettre l'accès aux petites places arrières.

MOTEUR
Une Subaru, même si cela n’a pas toujours été le cas, résonne par transmission intégrale et moteur boxer. La SVX va pleinement dans le sens de cet adage, à commencer par sa transmission intégrale permanente, qui a le bon goût de favoriser les roues arrières puisque ces dernières se voient distribuer 64% du couple, tandis que la mode était encore aux transmissions 50/50, via un différentiel central à embrayage piloté couplé à un petit système viscocoupleur (voir paragraphe CHASSIS). Niveau moteur la SVX est une originale aussi, proposant un 6 cylindres boxer (type EG33) cubant rien moins que 3319cm3 et développant 230ch, ce qui entre en concurrence assez directe avec les chiffres de la Porsche 968 qui offrait 240 fougueux chevaux au travers de son énorme 4 cylindres 3 litres. Le flat 6 Subaru ne se contente pas de bien cuber, il est perfectionné puisque réalisé entièrement en alliage, doté de 4 arbres à cames, 24 soupapes, d'un collecteur d’admission variable et évidemment d'une injection entièrement électronique. En comparaison, LE flat 6, le 3.6L de la 911 type 964 faisait presque pâle figure avec ses 250 ch et ses 12 soupapes. Mais aussi beau et noble soit-il, le moteur Subaru promis à de belles choses se voit castré, que dis-je, amputé par une archaïque boite automatique 4 rapports, seule boite de vitesse disponible sur ce coupé, et c’est par cette boite que la SVX manque le coach et a raté son entrée dans le palmarès des meilleurs coupés de son époque. Si vous ajoutez un poids élevé de 1600 kg, le flat 6 nippon (ni mauvais...) ne pas faire de miracle en dépit de l'aérodynamique favorable de la carrosserie. La SVX franchira la borne kilométrique en 29s7 alors que la Bmw, la Porsche ou l’Audi l’auront dépassé plus de 3 secondes plus tôt... C’est très dommage d’autant plus qu’à l’usage le flat 6 Subaru se révèle mélodieux, souple et très équilibré.

CHASSIS
Ce chapitre sur le comportement routier fini de faire regretter que Subaru ne soit pas allé un peu plus loin en donnant les performances nécessaires à ce modèle, car sur ce plan, là où l’on pourrait s’attendre à une grosse baleine molle et dépassée, la SVX remonte sur ses rivales européennes et dépasse certains modèles de renom ! Une Opel Calibra est oubliée, l’Audi S2 mise à mal par ce coupé parfaitement équilibré et doté d’une suspension bien pensée, évitant autant les surcompressions que les détentes maladroites que l’on connaît sur les allemandes pré-citées. De plus le freinage assuré par des disques ventilés de 302 mm pincés par des étriers double pistons et assisté par ABS se révèle réussi et endurant. Il est dommage que la direction soit trop démultipliée et trop assistée, trop américaine en somme, mais le bilan routier reste LA surprise de ce modèle. Même si bien évidemment, on ne parle pas dans son cas de tempérament sportif comme sur la Porsche ou la BMW. La Subaru SVX a en plus la facilité de ne pas être débordée par un moteur trop fougueux ! En ralentissant le rythme, on finit par trouver la vraie vocation de cette voiture : le moteur se fait particulièrement discret, le confort d’un très bon niveau, les aspects pratiques vous apparaissent et vous vous rendez compte que la petite famille entre dans ce grand coupé. Voilà vous y êtes, nous avons comparé ce modèle à quelques pointures de la catégorie mais là n’est pas sa raison d’être. La raison d’être de la SVX est de proposer dans une ligne atypique un niveau de confort élevé, de sécurité active étonnant avec la transmission intégrale et un comportement souverain. Munie du dispositif électronique 4WDmatic pour adapter la meilleure traction aux conditions de la route, la SVX profite d'une répartition variable du couple entre l'essieu arrière et l'essieu avant, en fonction des conditions d'adhérence. On peut aussi déconnecter le système pour repasser en mode « manuel », et ainsi piloter les 4 roues soi-même ! Ce système vous rappelle quelque chose ? Bien sûr, c'est l'ancêtre du DCCD des Impreza Sti ! A noter que sur certains marchés, une version 2 roues (avant) motrices a été commercialisée en 1994-1995. Sur autoroute le boxer a de la réserve, et en ligne la direction douce fera merveille, même constat pour la boite automatique dramatiquement lente mais douce. Observez les boutons autour de vous et vous vous rendrez compte que l’équipement est complet, et même il faut le dire pléthorique pour l’époque ! Drôle de constat en effet pour cette voiture qui finalement n’appartient pas a la même catégorie que les autres, ce n’est pas un coupé sportif mais un coupé GT !

ACHETER UNE SUBARU SVX
Extrêmement rares en Europe, par la faute d'un prix de vente trop élevé à l'époque et d'un manque d'image total, les Subaru SVX ont essentiellement fait carrière au Japon et aux USA. On parle de 60 exemplaires vendus officiellement par Subaru France, sur environ 1500 vendus dans toute l'Europe... autant dire que le modèle est très confidentiel, même quasiment top secret ! Les SVX sont donc des oiseaux très diffiiles à dénicher chez nous, et les prix sont mals établis sur le marché de l’occasion du fait justement de cette rareté. Parfois quasi donnée car vendue comme un vieux coupé démodé dont personne ne veut, certains vont, à l'inverse, les afficher à des prix proches de ceux pratiqués sur les BMW M3 E36, portés par le mouvement d’exagération des cours de certaines voitures japonaises. On dira que la moyenne s’établit autour de 6000€ pour un exemplaire sain de Subaru SVX. La fiabilité ne semble pas à mettre en cause même si une grande partie des modèles on eu leur boite auto déjà changée sous garantie. N’oubliez pas que vous avez à faire à un modèle rare âgé de déjà quelques années, par conséquent n’hésitez pas à mettre le prix dans un exemplaire vraiment sain et exempt de pièces à changer car on ne peut garantir la disponibilité totale de celles-ci (même si les organes classiques se trouvent sans trop de soucis).

CONCLUSION
Usurpatrice, la Subaru SVX laisse entendre par sa ligne originale qu’elle possède le bagage necessaire pour faire voir du sport. Pourtant l’utiliser le couteau entre les dents ne pourra pas satisfaire pleinement le conducteur sportif car le poids et la boite automatique grèvent trop la bonen volonté du flat 6. Le conducteur qui veut rouler assez vite et de manière originale par contre trouvera tout à fait son compte, avec un engin loin des clichés bedonnant de certaines productions d’inspiration U.S, qui apporte un beau confort, de la place et une souveraineté d’utilisation élevée. Là est la force de ce modèle méconnu qui malheuresement ne semble pas devoir sortir de l’oubli pour le moment. Sa présence sur certains rassemblement de voitures japonaises ou tuning permet que cet oubli ne soit pas total mais il n’est pas dit qu’à l’image des premières Ford Probe, l’originalité n’ait pas suffit.

PRODUCTION SUBARU SVX
Total : 24965 exemplaires